jeudi 11 octobre 2007

Groland et la liberté d'expression

Article de Daniel Muraz paru dans le Courrier Picard du mardi 9 octobre




Le rapport de gendarmerie sur le festival de Groland continue de faire des vagues. Mais les organisateurs, comme la Région, défendent avec fermeté la manifestation.

La révélation d’une note de gendarmerie ramenant le troisième festival du film grolandais à Quend-Plage à une « beuverie infâme » (Courrier Picard du 29 septembre) continue de provoquer des ondes de choc. Et ce, alors que l’avis général, cette troisième édition a été plus sereine et maitrisée que la précédente (où, il est vrai, on ignorait la teneur du rapport de gendarmerie).
L’information a même eu droit à un long traitement dans l’émission de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 (le 1er octobre) et sur le blog de l’animateur. Hier, encore, c’était au tour de Aujourd’hui en France de s’interroger pour savoir s’il y aurait une « troisième édition » du festival à Quend (…quinze jours après ladite 3ème édition !), notant que de « nombreuses voix s’élèvent contre la manifestation ». Mais d’autres voix élèvent le ton en faveur de la manifestation.
Les organisateurs, déjà, qui rappellent que « tous les festivals de France sont confrontés aux mêmes problèmes que Quend : l’alcool, le drogue, la présence de publics marginaux » jusqu’à la Nuit blanche d’Amiens tout récemment. Et qui notent que les divers invités présents cette année (Yolande Moreau, Jackie Berroyer, Robin Renucci, Lio, Delphine Gleize, etc.), « n’ont pas eu le sentiment d’être des alibis pour justifier une « beuverie infâme ». Pas plus que la majeure partie des 20 000 participants de ce 3ème festival de Quend. »
Le festival bénéficie aussi du ferme soutien de Conseil régional de Picardie, qui place le débat sur le terrain de la politique culturelle.

« Le choix de la démocratie »

« Ce rendez-vous humoristique musical et cinématographique de haute qualité » est « un grand moment de démocratie par le rire qui permet à des films à petit budget, intelligents et décalés d’être présentés devant un large public, dans un contexte de formatage croissant de l’offre cinématographique et télévisuelle », affirme la Région dans un long texte sur son site Internet. « Pour ses raisons, nous le défendons et nous le défendrons ».
Contestant l’analyse de la gendarmerie « caricaturale, voire insultante pour les festivaliers », trouvant « scandaleux de voir la responsabilité des organisateurs mis en cause pour des événements n’ayant pas lieu dans le cadre des manifestations du festival officiel », l’exécutif régional estime que « vouloir des manifestations culturelles parfaitement policées, sans un mot plus haut que l’autre, c’est nier ce qui fait la richesse de notre culture » c’est-à-dire « un esprit festif et décalé vecteur d’imagination et de liberté ». La Région se demande aussi si, à travers le festival, ce n’est pas l’émission Bienvenue au Groland qui est visée, pour « dans un contexte de soumission croissante des médias à de grands groupes financiers ou au gouvernement ». Quoi qu’il en soit, « les valeurs humanistes et républicaines qui sont les nôtres ne sauraient en tout cas tolérer cette accumulation de mauvaise foi, nous restons plus que jamais vigilants et prêts à défendre de toutes nos forces la liberté d’expression et de création. »

L’initiateur de la manifestation, le Saint-Quentinois (et Grolandais) Benoît Delépine, ne dit pas autre chose quand, évoquant « cette micro-affaire du rapport de police sur Quend diffusé un peu partout », il dénonce deux « grands faits scandaleux » (…). « N’en déplaise à certains, conclut le comédien, grâce au festival de Quend, le Groland reste un état libre, créatif, généreux…et qui n’a pas peur de ses jeunes. »

Et le slogan envisagé pour la prochaine édition : « Quend IV, il faut se battre » s’avère aujourd’hui bien approprié.

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